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Une première étude sur les escargots : quelles sont leurs préférences ?

Escargot de Bourgogne, Elégante striée, Hélice grimace, Soucoupe commune... Les espèces d'escargots sont nombreuses et se différencient largement du Petit-gris fréquemment rencontré dans les parcs et les jardins. Savez-vous où peut-on trouver ces mollusques terrestres ? L'étude de Julien Pruneau, stagiaire au Muséum, se propose de préciser les affinités de ces animaux à l'échelle de la France.

 

Le protocole Opération Escargots

Opération Escargots est un protocole qui vise à suivre les populations d'escargots et de limaces en milieu urbain. Les scientifiques cherchent à évaluer l'impact des espaces verts (cours d'école, jardins...) et de leur mode de gestion (utilisation ou non de pesticides, tonte régulières...) sur ces espèces.

Pour en savoir plus sur le protocole et participer, rendez-vous sur la page dédiée de notre site.

 

Roche calcaire et mollusques terrestres

En France, les escargots et les limaces sont répartis de manière hétérogène, notamment pour des raisons écologiques. En effet, dans une roche calcaire, escargots et limaces trouvent plus facilement les éléments dont ils ont besoin pour leur développement et pour la formation de leur coquille. L’abondance de ces mollusques terrestres est donc plus importante dans les zones calcaires.

Julien Pruneau, stagiaire en Master dans notre laboratoire, a vérifié que les données collectées dans le cadre de nos protocoles correspondent à cette réalité biologique (c’est un moyen d’évaluer la qualité de nos observations). Grâce à leur investissement et à leur rigueur, les participants nous ont permis de mettre en évidence cette tendance de manière chiffrée. 

D’après les 16 597 participations, on trouve en moyenne 5,6 escargots par observation dans les zones calcaires. Dans les autres cas, on observe 4 escargots, soit une différence de 1,6 escargot en moyenne. Des tests statistiques montrent que cette différence n’est pas due au hasard.

 

Abondance moyenne en mollusque par département (à gauche) et carte des zones calcaires en France (à droite).

 

L’importance du contexte immédiat sur la présence d’escargots

Pour chaque observation, les utilisateurs décrivent la zone dans laquelle ils se trouvent. Il s’agit de mentionner la présence ou l’absence de certains aménagements : chemins pavés, bassins, parterres de fleurs… ; ainsi que de certaines variétés de plantes : orties, ronces, géraniums… L’ensemble de  ces caractéristiques permet de bien représenter la diversité des espaces étudiés par nos participants. A partir de ces informations, les zones ayant le plus de points communs sont regroupées. Ainsi, trois types d’espaces avec des tendances associées (abondance et diversité des mollusques) ont été mis en évidence.

Le premier groupe rassemble des zones très aménagées avec des bassins, des parterres de fleurs et des chemins pavés. Elles sont souvent associées à un entretien régulier de la pelouse et à l’utilisation d’intrants : ce sont des jardins d’ornements. L’abondance de mollusques dans ces jardins est la plus faible, tout comme le nombre de groupes morphologiques.

La deuxième classe est constituée de jardins moins urbanisés. Ils comportent des chemins pavés et des parterres de fleurs, mais aussi des plantes sauvages : orties, ronces et lierre. Cette classe correspond aux jardins potagers, qui ont tendance à attirer le plus de mollusques, appartenant à plusieurs groupes morphologiques différents.

Le dernier type d’espace correspond aux jardins peu ou pas aménagés. Ils peuvent être de grandes zones non entretenues avec des plantes sauvages, ou bien de petits jardins urbains où la pelouse est tondue régulièrement. On y trouve une abondance de mollusques intermédiaire mais d’une diversité plutôt faible.