Des résultats scientifiques basés sur les données renvoyées par les participantes et les participants
Le jeu de données ainsi obtenu offre aux scientifiques de précieuses clés de compréhension sur l’activité des différentes espèces de chauves-souris. Ainsi, un article récent rédigé par des scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle illustre parfaitement le fort intérêt des sciences participatives dans le monde de la recherche. Grâce aux données récoltées par l’intermédiaire du protocole Vigie-Chiro, près de 9800 nuits d’enregistrement sur 4400 sites ont été analysées entre 2014 et 2020. Cette étude met en lumière les différences dans l’activité de différentes espèces de chauves-souris tout au long de la nuit.
Trois groupes fonctionnels peuvent être mis en évidence :
- Les espèces avec une activité constante tout au long de la nuit comme le murin à oreilles échancrées.
- Les espèces avec un pic d’activité en début de nuit comme la pipistrelle commune.
- Les espèces avec deux pics d’activité, un en début et un en fin de nuit, comme la noctule commune.



Activité relative de différentes espèces de chauves-souris (fréquence des cris) en fonction du pourcentage (en temps) de la nuit écoulée.
Ces différents types d’activité s’expliqueraient par un compromis évolutif entre la disponibilité des proies et la capacité à échapper aux prédateurs.
Des espèces comme la noctule ou la pipistrelle ont des pics d’activité en début et fin de nuit et sont plutôt des chasseurs de diptères (mouches et moustiques) particulièrement actifs à ces moments. Or ces chauve-souris sont rapides et agiles en vol ce qui leur permet d’être moins vulnérables aux prédateurs, également très actifs à ces moments.
Des espèces comme le murin à oreilles échancrées sont plus lentes et moins agiles mais sont moins vulnérables aux prédateurs car elles volent toute la nuit. Elles chassent surtout des papillons de nuit, également actifs toute la nuit.
Les scientifiques ont de plus montré, pour certaines espèces, une différence des pics d’activité en fonction des saisons. Ainsi, les chauves-souris semblent être davantage actives en fin de nuit durant la période estivale. Cela pourrait être expliqué par leur écologie : la période estivale coïncidant avec la période de lactation, les femelles ont donc besoins d’une quantité de nourriture plus importante, en plus des aller-retours réguliers pour aller allaiter leurs petits.