Les côtes rocheuses, des écosystèmes à la fois reculés et menacés
Les côtes rocheuses sont des interfaces privilégiées entre les domaines marin et continental. En particulier, ces côtes abritent de nombreux gastéropodes, lesquels s'agrègent en communautés sédentaires particulièrement sensibles/réactives aux perturbations. Leur diversité, leur abondance et leur répartition à petite et grande échelles sont autant d’indicateurs reflétant bien l’état de santé général du littoral. C’est pourquoi les chercheurs les utilisent comme biomarqueurs pour mesurer les effets à court, moyen et long termes des activités humaines sur l’équilibre des écosystèmes. Par exemple, l’épandage de nutriments inorganiques pour l’agriculture intensive est à l’origine de pollution azotée, elle-même à l’origine des phénomènes d’eutrophisation des cours d’eau : les algues, qui se régalent de l’azote, prolifèrent tellement et si vite qu’elles asphyxient les autres organismes présents dans l’eau et à proximité ! On observe alors une perte de biodiversité, voire une extinction locale des espèces les plus sensibles.
L’étude menée par Bruno Serranito et son équipe s’intéresse aussi aux effets du déclin des algues brunes sur les communautés de gastéropodes. Ça tombe bien : le protocole BioLit ne se limite pas qu’aux bigorneaux, mais s’étend justement à ces algues qui, par facilitation écologique, leur apportent et le couvert et le logis ! On appelle facilitation la relation écologique dans laquelle une espèce (ici, les algues) permet ou améliore par sa seule présence les conditions de vie d’une autre (ici, les bigorneaux !). En effet, les algues apportent non seulement des nutriments aux gastéropodes, mais les protègent également de certains stress, comme le manque d’eau, la prédation, les températures extrêmes ou encore les vagues. Or, la quantité d’algues brunes semble diminuer depuis une vingtaine d’années…