Quelques résultats scientifiques de BioLit

Le premier observatoire participatif du programme BioLit pour la façade Atlantique-Manche-Mer du Nord étudie le lien entre les algues brunes et les gastéropodes qui vivent dessus.

 

La problématique d'étude

 

Photographie d'un quadrat sur des Himanthales
Quadrat sur des Himanthales | © Planète Mer

Depuis une vingtaine d'années, les algues brunes sont en déclin sans vraiment que l'on sache pourquoi. Cette a été observée en certains points sur les côtes bretonnes mais elle ne semble pas toucher toutes les espèces ni tous les estrans. En effet, d'après un suivi par satellite, la couverture algale progresse voire se stabilise sur certains estrans, bretons notamment.


Lancé en 2011, les objectifs du programme sont de mieux comprendre:

  • la localisation de populations de gastéropodes des estrans rocheux
  • les associations entre les algues brunes et les gastéropodes
  • les effets de pressions humaines qui s'exercent sur les algues brunes
  • les effets de facteurs environnementaux sur les assemblages algues brunes / gastéropodes

 


Abondance des gastéropodes étudiés

Les espèces les plus communes sur les estrans sont : la gibbule ombiliquée (Gibbula umbilicalis), la gibbule commune (Gibbula pennanti), littorine obtuse (Littorina obtusata).


A contrario, parmi les espèces les moins présentes on soulignera le perceur japonais (Ocenebra inornata) espèce introduite et prédatrice des huîtres, la gibbule mage (Gibbula magus) dont la répartition sur les côtes est assez peu renseignée et qui vit normalement bas sur l'estran, et le calliostome (Calliostoma zizyphinum) qui vit également très bas sur l’estran.

Graphique représentant le nombre moyen de gastéropodes en fonction de la ceinture algale
Nombre moyen de gastéropodes en fonction de la ceinture algale | © Planète Mer | Vigie-Nature École

Notre hypothèse est qu’il existe un lien entre la couverture algale, la position sur l’estran et l’abondance et la diversité des gastéropodes. Classiquement, il est observé une augmentation de la diversité du haut vers le bas de l’estran, tandis que l’abondance varie en fonction de nombreux autres facteurs.


D'après les données de 2013, même si le nombre d'observations n'est pas encore assez important pour permettre une analyse robuste des résultats, il semblerait que les gastéropodes aient une préférence d'habitat assez marquée pour le fucus spiralé (Fucus spiralis) et le fucus denté (Fucus serratus).

 

Existe-t-il une relation entre la couverture algale et l'abondance des gastéropodes?

 

Graphique représentant la relation entre nombre de gastéropodes comptés dans chaque quadrat et couverture algale
Relation entre nombre de gastéropodes comptés dans chaque quadrat et couverture algale | © Planète Mer | Vigie-Nature École

Les algues brunes jouent un rôle majeur dans l'écologie des estrans. Gardant de l'humidité à marée basse (elles jouent le rôle d'une éponge), elles limitent les effets de la dessiccation. Ainsi, nombreuses sont les espèces qui se réfugient alors entre les algues.


Lorsque cette couverture algale est en régression, les gastéropodes arrivent il à se maintenir ?


Nous avons analysé l'abondance des gastéropodes en fonction de la couverture algale.


Lorsque la couverture est très abondante (entre 75 % et 100 % de couverture algale), les observateurs ont recensé en moyenne 22,7 individus par quadrat. Cette abondance n'est plus que de 17 individus par quadrat lorsque la couverture est faible (entre 5 % et 25 % de couverture algale).


Il est intéressant de voir que les espèces ne réagissent pas toutes de façon identique face à ces modifications de la couverture algale. Certaines d'entre elles, plus tolérantes aux conditions de dessiccation, souffrent moins de ces modifications.


Par ailleurs, les patelles limiteraient l’installation de Fucus en broutant les jeunes algues. Les patelles elles-même ne peuvent s’installer que dans des zones où il y a peu de balanes. Les interactions entre les espèces sur l'estran sont donc complexes. De nombreux facteurs entrent en jeu les uns avec les autres, jouant un rôle dans la dynamique de recouvrement des algues brunes.


A travers vos observations sur le terrain et leur remontée jusqu'à l'équipe scientifique, vous êtes un véritable acteur de la recherche sur ces interactions en vue d'une meilleure compréhension des facteurs contrôlant la couverture algale.

 

À son insu

Positionner vos données

Les mollusques que vous avez observés ont des régimes alimentaires différents. Ces organismes sont donc plus ou moins nombreux dans les différentes ceintures algales selon la quantité de nourriture qu’ils ont à leur disposition. La répartition entre les 3 groupes (filtreurs, brouteurs, prédateurs) que vous avez observés correspond-elle à la moyenne des observations ?

Graphique permettant de comparer vos données à la moyenne nationale

 

Utiliser ce graphique :

Ce graphique vous permet d’évaluer si la proportion de gastéropodes filtreurs / brouteurs / prédateurs que vous avez observés correspond à la moyenne des observations. Attention à bien vous positionner sur la ou les ceinture(s) alguale(s) que vous avez étudiée(s).
 


Comprendre votre résultat :

Les gastéropodes vivant sur les rochers apparaissent bien structurés du haut vers le bas de l’estran, notamment en terme de diversité. En effet, vos observations montrent que le nombre d’espèces animales est maximal sur la seconde ceinture algale de l’estran (Fucus spiralé), puis diminue en descendant vers le bas de l’estran. Outre cet aspect quantitatif, on peut s’intéresser à la proportion de gastéropodes filtreurs / brouteurs / prédateurs car elle permet d’évaluer l’organisation des communautés en fonction de l’espèce algale choisie. Une surabondance de filtreurs peut être observée conjointement à un faible recouvrement de la roche par les algues brunes. Cette absence de recouvrement des algues pouvant elle-même être causée par une surabondance de brouteurs (c’est le cas notamment des patelles qui limitent spécifiquement la couverture de l’Ascophylle noueux), des pollutions ou même le réchauffement climatique. C’est d’ailleurs la question scientifique qui est au cœur de BioLit ! Enfin, le programme s’attache également à comprendre l’organisation et le fonctionnement de cet et notamment les phénomènes de compétitions qui peuvent exister entre les gastéropodes brouteurs / filtreurs et les prédateurs. Le nombre de prédateurs étant lui même influencé par le nombre d’espèces de brouteurs : les prédateurs sont généralement spécialisés sur quelques espèces (le pourpre est par exemple spécialisé sur la prédation des moules et balanes).