Résultats scientifiques des Placettes à vers de terre

Voici les résultats obtenus à partir des données récoltées grâce au programme des Placettes à vers de terre

 

Le protocole placettes à vers de terre est notamment proposé aux agriculteurs depuis 2011, dans le cadre d'un partenariat entre l’Observatoire Agricole de la (OAB) et l'Observatoire Participatif des Vers de Terre (OPVT). Cet observatoire a été mis en de très nombreuses fois permettant ainsi de mieux comprendre l’impact des pratiques agricoles sur cette macrofaune du sol.


Proposé depuis 2014 sur le site Vigie-Nature École, cet observatoire a été mis en place près de 150 fois. Bien qu’encourageant, ce chiffre n’est pas encore suffisant pour tirer des conclusions scientifiques sur les populations de vers de terre dans les espaces verts des établissements scolaires français. On peut cependant, observer les premières tendances qui se dégagent.


La première chose que l’on peut aisément regarder c’est le nombre moyen de vers observé dans chaque mètre carré. Ce nombre peut aussi être mis en perspective avec ceux obtenus par les agriculteurs.

Graphique représentant le nombre moyen de vers par mètre carré : il augmente de façon croissante dans les milieux suivants : établissements scolaires, vignes, cultures, prairies
© Les données provenant du monde agricole sont issues de l'Observatoire Agricole de la Biodiversité, celles concernant les établissements scolaires proviennent de Vigie-Nature École. Ces deux programmes travaillent en partenariat avec l'Observatoire Participatif des Vers de Terre.

On remarque que le nombre moyen de vers de terre observé dans les pelouses d'établissements est relativement faible notamment si on le compare à une prairie (12,6 vers de terre /m² en moyenne dans une pelouse d'établissement contre 39 vers /m² en moyenne dans une prairie). Cette abondance dans les prairies, ce qui peut s’expliquer par une diminution des perturbations (labour, produits phytosanitaires, pietinnement...) et une augmentation de la nourriture disponible.


Le nombre important de données issues du monde agricole nous permet d'observer les différences de population de vers de terre en fonction de l'usage du sol.

 


Résultats spécifiques au monde agricole

 

Sur ce graphique on observe que les endogés sont le type dominant dans les vignes et les cultures (environ 60%). Dans les prairies les 4 groupes (épigés, endogés, anéciques à tête rouge et à tête noire) sont également représentés (entre 20 et 30 %)
Pourcentage de chaque type de vers dans différents milieux © OPVT | OAB


En fonction du type d’utilisation du sol, la composition de la faune lombricienne change :

  • les espèces endogées sont les plus fréquents (près de 60 % des vers trouvés) dans les vignes et les cultures,
  • dans les prairies, la composition est plus équilibrée entre les 4 groupes de vers.


Outre les différences de composition de la faune, le nombre de vers varie fortement en fonction du type d’utilisation du sol. Les vers sont beaucoup plus nombreux dans les prairies, ce qui peut s’expliquer par une diminution des perturbations (labour, produits chimiques type phytosanitaires) et une augmentation de la nourriture disponible.

On observe sur ce graphique que le nombre moyen de vers est plus important dans les prairies permanentes que dans les prairies temporaires
Nombre moyen de vers dans les différents types de prairies © OPVT | OAB

Si on regarde plus en détail les prairies, on constate que dans les prairies permanentes (non fauchées depuis au moins un an), les vers sont plus de deux fois plus nombreux que dans les prairies temporaires. Ce résultat semble confirmer notre dernière hypothèse : dans les prairies permanentes la quantité de nourriture disponible est plus importante que dans les prairies temporaires où la matière organique est exportée lors des fauches régulières.

Sur ce graphique on observe que le nombre moyen de vers par mètre carré est plus important pour un semis direct (environ 50 vers par mètre carré) que pour le labour ou le travail superficiel (entre 15 et 20 vers par mètre carré)
Influence du type de travail du sol sur les populations de vers | © OPVT | OAB

Le travail de la terre que ce soit un labour ou un travail superficiel à un effet négatif sur la faune lombricienne : l’abondance des lombric est près de trois fois moins importante dans un champs où la terre est travaillée par rapport à un champs où il y a un semis direct.

 


Résultats issus des données Vigie-Nature École

Nous avons séparer les établissements en trois groupes : ceux se trouvant en milieu urbain, ceux en milieu rural et ceux se trouvant dans un contexte intermédiaire, le milieu péri-urbain. Le résultat est alors le suivant :

Sur ce graphique on observe que plus un milieux est urbain, plus le nombre moyen de vers de terre par mètre carré diminue : pour les milieux ruraux, péri-urbains et urbains on observe respectivement environ 30, 20 et 10 vers de terre par mètre carré.
© Vigie-Nature École en partenariat avec l'Observatoire Participatif des Vers de Terre.

On observe ici qu’en milieu urbain le nombre de vers par mètre carré (9,6 vers /m² en moyenne) est trois fois plus faible qu’en milieu rural (31,1 vers /m² en moyenne). Les résultats sont, nous l’avons déjà vu, à prendre avec des pincettes au vu du nombre encore limité de parcelles étudiées, cependant les barres d’erreurs standards semblent montrer une différence dans le peuplement des milieux urbains et ruraux.
Ces différences pourraient s’expliquer par le fait qu'en ville les sols ont souvent été remaniés lors de constructions, les tassements y sont également souvent importants. Certains modes de gestion des pelouses (utilisation de pesticides par exemple) et le piétinement sont également hostiles au maintien des vers-de-terre.
 
On peut justement imaginer qu’en ville, les cours d’école sont plus petites et donc proportionnellement plus piétinées qu’en milieu rural. Le piétinement intense, nous venons de le voir, est néfaste pour les vers de terre.


Pour le vérifier nous avons regardé s’il y a un impact de la surface de la cours (on a imaginé que plus une cour est grande moins le piétinement sera intense) sur le nombre de vers de terre :

Sur ce graphique on observe que plus la surface de la cours augmente, plus le nombre moyen de vers de terre par mètre carré augmente : de 10 vers par mètre carré pour une surface de 100 mètres carrés jusqu'à 25 vers par mètre carré pour une surface supérieure à 1001 mètres carrés
© Vigie-Nature École en partenariat avec l'Observatoire Participatif des Vers de Terre.

Les barres d’erreurs montrent que le résultat n’est pas totalement significatif (probablement du fait qu’il n’y ait pas encore assez de données). Cependant, la tendance semble indiquer qu’un espace vert de grande surface, subissant un piétinement moins intense, favoriserait la présence d’un plus grand nombre de vers de terre (on trouve en moyenne 9,8 vers /m² pour une surface inférieure à 100 m² contre 24,5 vers /m² pour une surface supérieure à 1001 m²).
 

À son insu

Positionner vos données

Comparez le nombre de vers de terre que vous avez observés aux données connues dans 2 autres types de milieux, les prairies et les cultures. L’hypothèse de départ étant que les résultats de vos observations en milieu urbain s’approcheront de celles en milieu prairial. Placez vos observations sur la ligne rouge pour les comparer au point rouge (la médiane des observations faites dans le monde agricole).

Graphique permettant de comparer vos données avec les moyennes nationales pour les cultures et les prairies

 


Représentez l’abondance de vers en fonction de leur groupe sur le graphique, cette répartition permet aussi de comparer les milieux entre eux. Les endogés sont les plus nombreux (50% du total des vers) et les moins sensibles aux conditions de surface. Du coup le protocole moutarde est moins efficace sur ce groupe et ne permet pas de tous les compter.

Graphique permettant de comparer vos données avec les moyennes nationales pour les cultures et les prairies

 


Comprendre votre résultat :

Si vous avez observé peu d’épigés et d’anéciques, cela peut être causé par des températures trop élevées, une sécheresse importante, un piétinement qui tasse les galeries des anéciques ou à une faible quantité de nourriture (par exemple si toute l’herbe est ramassée lors de tontes). Une forte prédation, dont celle des oiseaux, peut aussi accentuer ce résultat. Pour améliorer la situation, vous pouvez notamment organiser des périodes de repos des pelouses et éviter l’export de matières organiques lors de tontes. Rappelez-vous que les vers sont essentiels au bon fonctionnement des sols. Les anéciques vont, en outre, stocker du carbone dans le sol en enfouissant des végétaux, contribuant ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique !