La pollinisation menacée
La pollinisation est d’une grande importance mais les insectes pollinisateurs sont menacés par la destruction de leur habitat ou la présence de pesticides notamment. Il est plus que jamais nécessaire de nous aider à comprendre les menaces qui pèsent sur les pollinisateurs en participant au SPIPOLL !
L’Abeille domestique comme reflet d’un déclin général
Les apiculteurs constatent une disparition brutale et inexpliquée des colonies d’Abeilles domestiques (Apis mellifera) depuis quelques années dans de nombreux pays. En Europe, par exemple, la diminution du nombre de colonies est estimée à 25 % entre 1985 et 2005. Ce déclin des colonies peut avoir plusieurs causes : le parasitisme, les pesticides et l’intensification de l’agriculture ainsi que certaines pratiques des apiculteurs comme le déplacement des colonies sur de longues distances pour assurer la pollinisation des cultures. Ces facteurs peuvent se cumuler, par exemple les colonies exposées aux pesticides sont plus sensibles aux parasites que celles qui n’y sont pas exposées.
En parallèle de cette augmentation de la mortalité des ruches, on constate également une diminution de la production de miel. Cette diminution de la productivité montre que les colonies d’abeilles domestiques ne se portent pas bien.
Observé depuis les années 1990, le déclin des abeilles inquiète de plus en plus. Chaque hiver ce sont parfois jusqu'à 35 % des colonies qui disparaissent. Parmi les origines de ce déclin, les plus importantes sont humaines. Ces origines ne sont pas spécifiques aux Abeilles domestiques mais concernent tous les insectes pollinisateurs. La faiblesse des colonies d’abeilles domestiques pose donc la question d’un déclin potentiel de l’ensemble des insectes pollinisateurs.
Les menaces qui pèsent sur les pollinisateurs
Lorsque l’on parle de déclin des pollinisateurs, on entend à la fois une diminution du nombre d’espèces (diversité), certaines disparaissant, et du nombre d’individus par espèces (abondance), certaines espèces devenant plus rares. La dégradation des habitats, principalement due à l’intensification de l’agriculture et à l’urbanisation, ainsi que l’utilisation massive de pesticides sont reconnues comme ayant des effets majeurs.
Les résultats de 23 études menées sur les 5 continents sur les abeilles sauvages ont été compilés pour comprendre la relation entre le nombre d’espèces de pollinisateurs et la qualité des habitats. Ces études ont été faites en milieux agricoles, on observe dans le graphique suivant, la relation entre le nombre d’abeilles sauvages et la distance à l’habitat naturel le plus proche. Plus on s’éloigne d’un habitat naturel, plus le nombre d’abeilles est faible.
L’intensification de l’agriculture qui produit des paysages agricoles homogènes avec très peu d’habitats naturels jouerait donc un rôle dans le déclin des pollinisateurs.
Le rôle des habitats naturels dans le cycle de vie des insectes
Un insecte floricole a besoin de deux espaces : un premier pour son développement larvaire et un second, fleuri, pour les adultes. Ces deux espaces ne sont pas forcément au même endroit.
Par exemple, lorsque l’on voit un papillon comme le Machaon sur une fleur, celui-ci peut provenir d’une chenille qui s’est nourrie sur un pied d’Aneth, situé dans un jardin à plus d’un kilomètre. Il en est de même pour les abeilles sauvages et les bourdons. L’espace pour les larves est lié aux sites de nidification. De nombreuses espèces nidifient dans le bois mort et un vieil arbre peut devenir un véritable hôtel à abeilles sauvages. D’autres espèces nichent dans le sol où la descendance passe l’hiver. La Collète-lapin est une abeille sauvage qui apparait très tôt au printemps. Les femelles creusent des galeries dans des sols sableux. Chaque galerie se termine par une cellule larvaire. L’entrée du nid est unique et ressemble à l’entrée d’un terrier de Lapin. Pour maintenir la Collète-lapin sur un site, il ne faut pas que le sol soit perturbé jusqu’au printemps suivant.
Pour avoir un habitat de qualité, il faut que la distance entre les sites de développement des larves et les zones fleuries pour les adultes, coïncide avec la capacité de déplacement des espèces. Cette dernière est très variable. Certaines espèces d’abeilles sauvages ne s’éloignent pas du nid au-delà de 300 m alors que certains papillons ou bourdons peuvent parcourir plusieurs kilomètres pour trouver de la nourriture !
Mais … nous manquons de données pour répondre à toutes ces questions à l’échelle de la France
Pour pouvoir étudier ces questions de déclin des pollinisateurs, il faut des données collectées sur un grand nombre de sites dans des environnements variés. Il faut donc qu'un grand nombre de personnes participent au SPIPOLL pour que nous puissions répondre à ces questions !
Des abeilles et des hommes : le film
https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=d4w2TDqXHWw
Bande annonce du film 'Des abeilles et des hommes' © Un film de Markus Imhoof
Depuis 15 ans, la lumière des ruches s’éteint. Entre 50 et 90% des abeilles ont disparu. Et, cette épidémie, d’une extrême virulence, se propage de ruche en ruche sur toute la planète. Partout, le même scénario : par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir, « parties sans laisser d’adresse ». Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible.
Arrivée sur Terre 60 millions d’années avant l’humain, l’Apis mellifera (l’abeille à miel) est aussi indispensable à notre économie (153 milliards d’euros en 2005) qu’à notre survie. Aujourd’hui, nous avons tous de quoi être préoccupés : 80 % des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées. Sans elles, pas de pollinisation, donc pratiquement plus de fruits, ni légumes.
Des abeilles sauvages assurance de l’agriculture face au déclin des abeilles domestiques
Une étude a été menée aux Etats-Unis sur l’efficacité de pollinisation des champs de pastèques par des abeilles sauvages et domestiques en fonction de leur abondance. Le nombre de grains de pollen déposés par fleur est observé en fonction du nombre de visites par fleur et par jour par les abeilles domestiques ou les abeilles sauvages. Lorsque le nombre de visites d’abeilles sauvages augmente, le nombre de grains de pollen déposés par fleur augmente également. En revanche, celui-ci n’augmente pas s’il y a davantage de visite d’abeilles domestiques. Les abeilles domestiques ne seraient pas plus efficaces lorsqu’elles sont plus nombreuses, ce qui n’est pas le cas des abeilles sauvages qui elles assurent davantage de pollinisation lorsqu’elles sont plus nombreuses. Ainsi les abeilles sauvages pourraient assurer une forte part de la pollinisation malgré un déclin des abeilles domestiques.