Quelques résultats scientifiques de Spipoll
À l’aide des données récoltées par les observateurs du SPIPOLL en 2010, les scientifiques du muséum ont étudié quel est le milieu préféré des insectes floricoles parmi trois grands types de milieux que l’on rencontre en France : le milieu urbain, le milieu agricole et le milieu naturel (qui comprend principalement les forêts).
Un point rapide sur la méthode :
Les analyses ont été effectuées sur les taxons d’insectes ayant été photographiés au moins 30 fois au cours de l’année 2010. Cette limite, nécessaire à la robustesse des résultats, centre l’analyse sur 79 taxons au sein des 2169 collections.
Pour chacun de ces 79 taxons, un indice moyen permettant de savoir si un taxon préfère ou bien évite un type de milieu a été construit, basé sur la proportion de chacun des milieux entourant les collections dans un rayon de 1km. Si la valeur moyenne de l’indice est inférieure à 0, cela signifie que le taxon a tendance à éviter ces milieux.
Si la valeur moyenne de l’indice est supérieure à 0, cela indique que le taxon a tendance à préférer ces milieux.
Les résultats indiquent que les insectes floricoles ont tendance à éviter les milieux urbains. Ceci pourrait s’expliquer notamment par la faible quantité de lieux qui permettent la nidification de ces insectes comme le sol nu ou le bois mort par exemple. Malgré la présence parfois importante de ressources florales dans les parcs, il semble que ceci ne contrebalance pas le manque de milieux nécessaires à la nidification.
Au contraire, il semble que les insectes floricoles ont une affinité positive pour les milieux naturels et agricoles. Les milieux naturels offrent à ces insectes ce dont ils ont besoin pour effectuer leur cycle de vie et donc se maintenir. En revanche, pour ce qui est du milieu agricole, d’autres études montrent qu’il n’est pas forcément hospitalier pour ces insectes. Ici la forte affinité des insectes floricoles pour le milieu agricole pourrait s’expliquer par le fait que ce milieu a été considéré dans son ensemble : depuis des champs de culture intensive jusqu’aux prairies de fauche permanente. Or, les prairies de fauche sont des milieux beaucoup moins perturbés que les champs de culture intensive. Il pourrait donc exister une différence d’affinité des insectes floricoles pour ces deux types de milieux : une affinité positive pour les prairies et une affinité négative pour les champs. Pour pouvoir tester cela, il faut davantage de données, donc plus de collection SPIPOLL pour mieux comprendre l’affinité des insectes floricoles avec les milieux.
D'autres résultats :
De nombreuses autres études ont permis d'aller encore plus loin à partir des données d'insectes issues de protocoles de sciences participatives. Ainsi, une étude réalisée par une équipe pluridisciplinaire (INRAe, MNHN, CNRS) parue en 2023 a affiné les analyses afin de mieux comprendre l'impact de la présence des milieux sur les différents taxons.
L'équipe de scientifiques a donc démontré que les papillons actifs en journée affectionnent particulièrement les milieux semi-naturels. Cela s'explique entre autres par la présence plus importante dans ces milieux des plantes hôtes de chenilles, nécessaires à leur survie à ce stade de développement. Les abeilles, particulièrement sensibles à l'intensification agricole, ont tendance à se retrouver de plus en plus en milieux urbains et périurbains. L'importante diversité de ce taxon (plus ou moins 1000 espèces à l'échelle française) est souvent méconnue du grand public, de même que les causes multiples qui les font décliner : pesticides et intrants, perte d'habitats et de lieux de nidification... Au contraire, certaines espèces ont tendance à se retrouver plus facilement en milieux agricoles : c'est le cas des syrphes. Ces petites mouches pollinisatrices sont souvent confondues avec les abeilles de par leurs motifs, parfois très ressemblants avec ces dernières. Leur présence plus importante dans le milieu agricole de ce groupe s'explique par le régime alimentaire des larves de syrphes, essentiellement composé de pucerons, souvent disponibles en abondance dans les milieux agricoles. Néanmoins, ce résultat reste à nuancer, certaines espèces rares n'ayant pas pu être intégrées aux analyses, faute de données suffisantes.
Positionner vos données
Découvrez l’impact des conditions de l’environnement (climat, heure, nuages etc.) sur vos observations. Ce graphique « radar » vous indique les conditions idéales d’observation en vert. Lorsque vos observations sont dans le violet, vos résultats sont altérés car les insectes pollinisateurs sont réticents à visiter des fleurs dans ces conditions.
Comprendre votre résultat :
Ce graphique vous permet de relativiser vos résultats. Ainsi, si vous avez réalisé le protocole dans des conditions défavorables (zone violette), il ne sera pas surprenant que vous ayez vu peu d’insectes.
À contrario, c’est en conditions « normales/optimales » (zone verte) que l’on peut mieux interpréter les différences entre collections. Le nombre et la variété des insectes observés reflètent alors l’oeuvre de mécanismes écologiques : une plante offrant plus ou moins de ressources (nectar et/ou pollen) ou la qualité de l’habitat (pollution, disponibilité de zones de nidification...) influencent la diversité