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Les pipistrelles parisiennes aiment les jardins privés !

L’équipe Chiroptère de Vigie-Nature, en collaboration des géographes du laboratoire LADYSS nous offrent leurs jolis résultats sur la pipistrelle commune, dont nous allons vous retracer les grandes lignes.

La pipistrelle, qui est-elle ?

La pipistelle commune, Pipistrellus pipistrellus (Schreber, 1774), mesure entre 3,6 et 5,1cm de longueur, et pèse entre 3 et 8 grammes. Cette petite chauve-souris au pelage dorsal brun sombre à brun roux peut facilement être confondue avec les autres pipistrelles. Elle fréquente tous types de milieux, et notamment les espaces urbanisés. Elle chasse et se nourrit d’insectes volants. C’est la seule chauve-souris vraiment commune de Paris et c’est pourquoi elle est l’heureuse élue de cette publication.

 

Quels espaces verts pour la pipistrelle parisienne ?

Les modélisations ci-dessous retracent l’abondance des pipistrelles communes dans Paris, à partir des données suivantes :

  1. d’une part les données du protocole pédestre sur Paris, soit 552 enregistrements, 224 points échantillonnés 22 participants sur la période 2008-2013,
  2. et d’autre part une carte haute résolution de l’habitat et de la végétation dans Paris produite par l’Agence Parisienne d’Urbanisme.

 

carte de répartition parisienne

La carte présentée ci-dessus indique les points où ont été réalisés les échantillonnages. Le type d’environnement est lui représenté par des nuances de gris pour les espaces construits et en vert pour les zones végétalisées.

Après une analyse statistique qui a permis de séparer l’importance respective des espaces verts parisiens privés et publics pour la disponibilité en terrain de chasse, le résultat est le suivant :

carte

Ces cartes présentent les calculs de la distribution des chauve-souris dans le cas actuel puis dans un scénario où les jardins privés disparaîtraient. Plus la couleur est sombre, plus la présence de chauve-souris serait importante.

 

Ces modélisations nous illustrent en couleur l’importance de considérer les espaces verts privés (jardins et autres) dans les prises de mesure et les politiques de conservation de la pipistrelle notamment.
La présence de ces espaces verts privés participe également, de par leur agencement dans la matrice urbaine et la composition de leur végétation, à augmenter la connectivité générale des espaces parisiens. Ces jardins privés semblent donc particulièrement bénéfiques pour la disponibilité et la connectivité des habitats de chasse des pipistrelles communes.

Des espaces verts au rôle majeur dans les politiques urbaines de conservation !
Si le nombre et la taille des espaces verts sont plus faibles à Paris que dans d’autres grandes métropoles européennes, cette étude retrace avec pertinence l’importance d’inclure les espaces verts privés dans les initiatives de conservation de biodiversité en zones urbaines. S’ils ne représentent que 36% des espaces verts de Paris, les espaces verts privés contribuent pourtant à 47,9% de la disponibilité en habitat de chasse des Pipistrelles. Cette étude souligne ainsi l'importance de ces jardins dans la valeur écologique des villes en complément des espaces verts publics et confirment ainsi la nécessité de développer des stratégies de conservation urbaine qui incluent les acteurs publics et privés.