Newsletter #58
Connaissons-nous si bien les mésanges ?

Toute l'équipe de Vigie-Nature École de Vigie-Nature École vous souhaite une bonne année. Alors que vous êtes nombreuses et nombreux à mettre en place les protocoles oiseaux des jardins et Birdlab en cette saison hivernale, nous vous proposons une petite incursion dans le monde d'oiseaux très fréquents en milieu urbain : les mésanges. Mais connaissons-nous si bien ces oiseaux familiers ?

Il y a mésanges et mésanges

Les mésanges sont des petits passereaux communs, appartenant à la famille des Paridés. Bien que l’on ait coutume de les réduire à cette seule appellation, il existe en réalité plusieurs espèces de mésanges, qui se différencient par de nombreuses caractéristiques tant écologiques que morphologiques ou encore comportementales. En France par exemple, il existe 7 espèces de mésanges, dont les deux plus communes sont sans doute la Mésange charbonnière et la Mésange bleue. Elles se différencient l’une de l’autre par la présence d’une bande ventrale noire à la manière d’une cravate pour la charbonnière, ainsi que d'une calotte noire (haut de la tête), nous donnant l’impression qu’elle porte un casque ! La bleue est quant à elle plus petite et dispose d’une calotte de couleur bleue. Bien qu'également regroupée sous le vocable de « mésange », la Mésange à longue queue appartient à une autre famille, les Aegithalidés. Elle n’est en effet pas directement apparentée aux autres mésanges. Le nom commun d’Orite à longue queue est parfois préféré pour marquer cette distinction.

Figure 1 : Quelques mésanges au sens strict (Paridés). De gauche à droite : Mésanges charbonnière, bleue, noire, nonnette, huppée.

Figure 2 : Mésange ou Orite à longue queue (Aegithalidés)

Des migratrices oui, mais partielles

Voir des mésanges toute l’année ne veut pas dire que leurs populations ne fluctuent pas. Les suivis réalisés dans le cadre du programme "oiseaux des jardins" porté par Vigie-Nature permet d’observer concrètement des variations d’abondance au fil des saisons. Par exemple, pour la Mésanges bleue, on observe nettement une augmentation dans la fréquence d’observation de l’espèce, à partir de la période automnale et ce jusqu’en hiver, reflet d’une augmentation de leur abondance. La mésange charbonnière suit aussi cette dynamique. Les cartes ci-dessous ont été obtenues grâce à l’outil d’analyse de Vigie-Nature École que vous pouvez retrouver sur le site (Analyser ses observations en classe > Analyser ses données > Outil d’analyse VNE).

 

Figure 3 : Fréquence d'observation de la Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) en France en fonction des saisons. Grille de 25*25km, nombre minimum d’observation = 5. Données : Vigie-Nature École

Figure 4  : Fréquence d'observation de la Mésange charbonnière (Parus major) en France en fonction des saisons. Grille de 25*25km, nombre minimum d’observation = 5. Données : Vigie-Nature École

Ces deux mésanges adoptent toutes les deux une stratégie de migration dite partielle : cela signifie que la migration ne concerne pas tous les individus d’une population. À la manière du Rougegorge familier par exemple, les espèces migratrices partielles effectuent principalement de courtes migrations, de l’ordre de quelques dizaines de kilomètres. Ainsi, la Mésange bleue est considérée comme sédentaire sur la partie Sud de son aire de répartition, tandis que les individus septentrionaux effectuent des déplacements migratoires en fonction des saisons. Pour ce qui est de la Mésange charbonnière, elle est migratrice partielle sur l’ensemble de son aire de répartition.

Des mésanges qui font la ronde en hiver...

La période hivernale est une épreuve pour bon nombre d’espèces, qui voient leurs ressources alimentaires s’amenuiser. Les individus insectivores n’effectuant pas de migration ont donc développé une stratégie particulière pendant cette période qui se situe en dehors de la période de reproduction : ils se rassemblent. C’est alors que des espèces qui, de prime abord, n’avaient pas d’intérêts à se côtoyer, vont unir leurs forces. Ce phénomène spectaculaire porte un nom : les rondes d’oiseaux.

Mais alors, quels peuvent être les avantages à partager son gîte et son couvert ? Ces groupes mixtes (plusieurs espèces différentes) augmentent l’efficacité de la recherche de nourriture en cette période de disette. De plus, les rondes accroissent la vigilance du groupe pour se prémunir des prédateurs. Ces comportements ont été observés dans de nombreux écosystèmes, mais ils sont décrits comme particulièrement important dans les zones tropicales. Sur ces territoires, les rondes peuvent en effet représenter plusieurs centaines d’individus d’une dizaine d’espèces différentes !

En France, les rondes concernent de nombreuses espèces, et notamment les mésanges. En plus des bleues et des charbonnières, d’autres espèces de mésanges se joignent régulièrement à ces rondes, comme par exemple la Mésange nonnette, la Mésange noire, la Mésange huppée ou même la mésange à longue queue et d’autres espèces de Passereaux. Il est possible de distinguer plusieurs rôles au sein de ces groupes mixtes. Ainsi, il existe un noyau d’espèces « meneuses », c’est-à-dire qui vont le plus souvent choisir la direction, et maintenir la cohésion d’un groupe grâce à l’émission de vocalises. Ce rôle est souvent assuré par les mésanges. Les rondes sont complétées par d’autres espèces forestières que l’on peut qualifier de « suiveuses », comme la Sittelle torchepot, les Grimpereaux des jardins ou des bois, ou encore le Roitelet à triple bandeaux.